Charab el wasl-intro

Introduction a Diwan Sharab al wasl

Par: Sheikh: Abdelhameed Babiker

Traduit par : Khaled Farid, Montréal

Les sciences isthmiques

(Al Ilm al Barzakhi)

Au nom d’Allah le Bienséant le Tout Miséricordieux et louanges à Son Prophète SAWS

Avant d’entamer l’oeuvre colossale qu’est l’explication de Charab al wasl, nous avons

juge nécessaire de commencer par expliquer la notion des sciences isthmiques (al Ilm al

barzakhi). La compréhension de cette notion et d’autres notions et termes de base, est essentielle

à la bonne compréhension de l’oeuvre.

L ‘« oeuvre » dont il s’agit ici n’est rien de moins que des paroles d’origine isthmique.

L’isthme, c’est ce voile qui sépare cette vie (Dunya) de l’autre (Akhira), celle où les âmes

résideront en attendant le jour de la Résurrection. Ces paroles et ces sciences qui nous sont

parvenues de l’isthme sont sans précèdent. Cette oeuvre est le signe suprême, le chef-d’oeuvre du

plus grand imam de son temps, Mawlana Sidi Fakhreddin Muhammad Uthman Abdo an Burhani,

dont c’est la mission de répandre la voie du quatrième Pole du soufisme qui a dit a ce propos il

y’a déjà sept siècles :

« La fin des temps n’arrivera pas tant que ma voie n’aura pas conquis les deux orients ».

Cet énoncé de Sidi Ibrahim al Disouqi n’est devenu réalité que beaucoup plus tard, avec

l’arrivée de Sidi Fakhreddin. Sidi Fakhreddin avait, au début de son cheminement spirituel,

composé plusieurs ouvrages dont un recueil de poèmes soufis, une interprétation des symboles du

Coran et une compilation de louanges sur le Prophète SAWS, inspirée de l’ouvrage intitulé « Al

Dalail » de l’imam al Jazouli. Mais quand arriva pour lui le temps de guider l’humanité sur la

voie de Sidi Ibrahim al Disouqi, Sidi Ibrahim exigea que Mawlana se débarrasse de tous ces

anciens ouvrages.

Sidi Ibrahim avait décidé de retenir les qasaids pour qu’elles soient pour son fils Sidi

Fakhreddin une oeuvre isthmique qu’il enseignerait à ses disciples par vagues successives sur une

période de quatre ans. Par « isthmique », il ne s’agit point d’un songe (Rouya manamiya) ou

d’une vision (wared sahou) ; les qasaids sont arrivées d’une façon parfaitement matérielle,

vérifiable et conforme aux normes de la charia. Tous les sens physiques y étaient impliqués:

• Le toucher

• L’ouïe

• La vue

• L’odorat

Cela signifie que Mawlana Sidi Fakhreddin se manifestait réellement, physiquement, à la

personne qu’il avait choisie pour recevoir la qasida. A propos de cette vie, la Dunya, Imam Ali a

dit : » Les gens sont endormis, quand ils mourront, ils se réveilleront ». A ce propos Mawlana a

dit : » je n’ai jamais dormi dans le monde des inconscients, pensez-vous que je dormirai dans le

monde des vivants ? ».

Que signifie donc « isthme » (barzakh) et « sciences isthmiques » ?

Linguistiquement, un « barzakh » est une barrière qui sépare deux choses . Dans ce

contexte, c’est le voile qui sépare cette demeure de la demeure éternelle, de la mort à la

résurrection. Des qu’une personne meurt, elle va donc au « barzakh ».

L’isthme (barzakh) dans le Coran:

L’isthme est mentionne a plusieurs endroits dans le Coran :

1. “Afin que je fasse du bien dans ce que je délaissais». Non, c’est simplement une parole

qu’il dit. Derrière eux, cependant, il y a une barrière, jusqu’au jour où ils seront

ressuscités” (al muminun: 100).

2. “Et ne dites pas de ceux qui sont tués dans le sentier d’Allah qu’ils sont morts. Au

contraire ils sont vivants, mais vous en êtes inconscients.” (al Baqara:154)

3. “Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier d’Allah, soient morts. Au

contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus “(al-Imran:169)

4. “le Feu, auquel ils sont exposés matin et soir Et le jour où l’Heure arrivera (il sera dit):

«Faites entrer les gens de Pharaon au plus dur du châtiment».(Al Ghafir:40)

5. “Alors, il [lui] fut dit: «Entre au Paradis». Il dit: «Ah si seulement mon peuple savait!”

(Yassin:26).

L’isthme dans le hadith :

Le Prophète SAWS a dit : » La tombe peut être un jardin parmi les jardins du Paradis

ou une fosse parmi les fosses de l'Enfer”.

Rappelons ici le célèbre hadith du Prophète SAWS après la grande bataille de Badr, après qu’on

eut jeté les corps des mécréants tués dans un puits:” O habitants du puits, avez-vous trouvé la

promesse de votre seigneur véridique”? Moi J’ai trouvé Sa promesse véridique ». On lui

demanda : « Peuvent-ils nous entendre O Prophète » ? Il répondit : » Ils entendent aussi bien

que vous mais ils ne peuvent plus répondre à présent».

L’isthme prophétique (al barzakh al Nabawi) :

C’est un témoignage de la sublimité du rang du Prophète SAWS qui a dit : » Ma vie vous

est bénéfique car vous me parlez et je vous réponds ; et ma mort vous est bénéfique car vos

actions m’y sont exposées quotidiennement, je remercie Allah pour les bonnes et je vous

sollicite son pardon pour les mauvaises ».

Sharab al wasl :

Nous venons de démontrer l’existence de l’isthme. La communication isthmique est un

don accordé a l’élite des rapprochés d’Allah. Sidi Fakhreddin a passé sa vie entière à démontrer la

sublimité du rang du prophète SAWS et de sa famille, a travers « Tabriat al Thimma » et

« Intissar aoulaia al Rahman ». Il l’a également démontré a travers ses multiples visites a

Sayyidina al Hussain et à sa soeur Sayyidina Zainab al Kubra, enfants de l’Imam Aly. Mawlana a

ensuite couronné le tout avec son chef-d’oeuvre Charab al wasl, suprême éloge au Prophète

SAWS et a Ahl al bayt, comme le démontrent bien les vers suivants :

« La glorification de Aali Muhammad en est le fruit Au messager d’Allah le don de l’unité

(ahadeyati) ».

C’est ainsi que Charab al wasl est devenu pour nous une science isthmique et un

témoignage du mérite inestimable de son illustre auteur.

Pourquoi Charab al wasl a-t-il vu le jour ?

Sidi Fakhreddin nous a dit que les mystères de chaque wali sont dans ses vers. Le voilà donc

qui, à son tour, nous révèle dans ses qasaids des mystères jusqu'à présent jamais dévoilés.

1. Le Cheikh a voulu s’identifier à nous après son départ. Il a donc commence son oeuvre

par « ana » (moi/je).

2. Mawlana était très discret dans la vie, il a voulu donc, a travers les qasaids, montrer sa

vraie valeur à ses mourids.

3. Présenter officiellement sa succession et sa famille.

4. Apprendre à ses mourids la valeur de l’union et de la coopération.

Principales caractéristiques de Charab al wasl :

1. Inspiration directe ou indirecte du Coran.

2. « Al Daqa’eq » (daqiq=précis). Il s’agit de mots d’une extrême précision chargés de

signification. L’usage des « daqa’eq » démontre une miraculeuse maitrise des subtilités

du langage soufi, ainsi qu’une incroyable richesse linguistique et grammaticale. Les

qasaids présentent aussi un miracle numérique que ne peuvent comprendre que les

spécialistes du domaine.

3. « Al raqa’eq » (les subtilités) : Les raqa’eq sont les sens auquel on parvient après avoir

lu et interprété les daqa’eq. Les raqa’eq sont les sens présents en filigrane à travers le

texte et dont la détection exige une étude approfondie du sens ésotérique des termes.

L’interprétation des Raqa’eq exige que l’interprète permette à son âme de voler

librement. Elle exige également un lien entre l’âme de l’auteur et celle de l’interprète,

pour que le sens ésotérique des termes se révèle de plus en plus clairement à l’interprète.

C’est donc une méthode de lecture suivie d’un « fath » ou dans ce contexte, d’une

épiphanie.

4. « Al Ahkam » (les règles) : les attributs de ce terme aident le mourid dans son

avancement spirituel. Ils peuvent également aider à soigner les maux du corps et de l’âme

pourvu que l’utilisateur en ait appris les mystères. Il faut toujours consulter les

spécialistes avant de s’en servir conformément au verset : » Demandez aux gens du zikr

si vous ne savez pas ». On dit a ce propos : « Prenez du Coran tout ce que voulez pour

tout ce que vous voulez ».

A qui Charab el wasl est-il utile ?

• A toute personne passionnée des mystères de l’Amour Divin et désireuse de les percer.

• Au grands walis sur Terre et dans l’isthme.

• Aux anges supérieurs.

• Aux linguistes.

• A nos successeurs.

• A toute personne souffrant d’un mal physique ou spirituel.

Fin !